Vient de paraître aux Editions Errance (filiale d’Actes Sud) le livre de Jacques Connan intitulé « Le Bitume dans l’Antiquité » qui résume 20 ans de recherches sur les mélanges bitumineux, à destination d’un large public, des géochimistes organiciens (bien sûr), des archéologues…
Le livre est préfacé par Michel Rohmer et Jean-Louis Huot et est disponible au prix de 33,25 € (grâce à une subvention du Centre National du Livre) auprès des libraires spécialisés ou dans les centrales de e-commerce.
Résumé : Ce livre comble un vide en la matière car il n’en existe pas d’autre de cette nature dans le monde. Il a la particularité d’avoir été écrit par un chimiste, spécialiste de géochimie organique pétrolière, dont la carrière professionnelle s’est déroulée dans une grande entreprise pétrolière, Elf Aquitaine production, où il occupait le poste d’expert international. De l’étude des roches mères, des huiles de production, des asphaltes, noyau dur du métier de géochimiste organicien pétrolier aux bitumes archéologiques, fréquents dans les fouilles du Moyen-Orient, il n’y eût qu’un pas à franchir, porté par la passion de l’histoire.
Le bilan qui est présenté synthétise plus de vingt années d’analyse du bitume de nombreux sites archéologiques et d’indices de surface où les hommes de l’antiquité sont venus s’approvisionner. Il englobe une vaste zone géographique qui recouvre la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Iraq, la Palestine, l’Egypte et le Golfe et concerne un intervalle temps qui démarre au Paléolithique (vers 70 000 av. J.-C.) et s’achève à l’époque médiévale (vers 1400 apr.
J.-C.). L’auteur développe les thèmes classiques de l’archéologie du bitume en traitant toutes les utilisations de ce matériau-phare au Moyen-Orient depuis les plus prosaïques comme agent d’étanchéité ou de colle jusqu’aux aspects plus inhabituels comme la médecine et la magie. L’histoire de l’art a aussi sa place car le bitume a servi de colle pour élaborer des mosaïques décoratives ou comme support pour sculpter la magnifique collection des objets en » mastic de bitume » de Suse, actuellement au Louvre.
Le bitume a aussi fait l’objet d’un commerce lucratif que révèle la diversité des terminologies employées pour le désigner, que ce soit en akkadien ou en sumérien. Sa valeur marchande a stimulé des échanges lointains et on a pu mettre en évidence un transfert de technologie de la Mésopotamie vers le Golfe arabo-persique où il a irrigué les comptoirs côtiers de sa rive sud. Parmi les chapitres traités, il est réservé une place particulière au problème de la momification dans l’Egypte antique et à l’utilisation du bitume dans les baumes de momies humaines et animales et les objets funéraires (sarcophages, coffrets à canopes, statues d’Osiris, etc.).
La présence de bitume, en particulier celui de la Mer Morte, dans les baumes des momies égyptiennes, est démontrée. Un chapitre fait le point sur » le mastic de bitume » de Suse qui n’est pas un mélange artificiel mais une roche naturelle, un asphaltite, qui s’exploite en filons, remplissages de failles. Le panorama du bitume antique aurait été incomplet sans une incursion sur d’autres continents avec des chapitres consacrés aux Olmèques du Mexique, aux Indiens Chumashs de Californie et aux populations de la civilisation de Jomon au Japon.
L’ouvrage s’achève avec une réflexion sur le bitume aujourd’hui car le bitume est encore un matériau de notre quotidien. Une attention toute particulière a été réservée aux illustrations, supports pédagogiques indispensables à la compréhension, qui sont très nombreuses tout au long de l’ouvrage.