Un poste d’Ingénieur de Recherche (spécialité Anthropologie/Biogéochimie isotopique) devrait être ouvert dans l’UMR 7206 « Éco-anthropologie et ethnobiologie» du département « Hommes, natures, sociétés » du MNHN sur le thème : « Contribution anthropologique à la connaissance de l’alimentation de l’homme moderne ».
Contexte :
Pour l’homme, se nourrir ne constitue pas seulement une nécessité vitale. C’est aussi incorporer à son être, physiquement, un autre organisme, animal ou végétal. C’est donc un acte qui engage la perception identitaire, individuelle ou sociale. C’est pourquoi l’étude de l’alimentation humaine est au cœur des problématiques de l’anthropologie depuis de nombreuses années. Les remarquables collections anthropologiques de squelettes humains du Musée de l’Homme, récemment inventoriées et informatisées (23000 lots ; dont 40 ethnies comportant chacune plus de 30 individus), constituent une documentation très précieuse pour l’histoire récente de l’alimentation à travers le monde. L’approche proposée consiste à mettre en œuvre sur ces collections un savoir méthodologique et technique détenu au MNHN dans son intégralité depuis 2005, la biogéochimie isotopique des restes squelettiques.
L’objectif principal est une étude comparative des régimes alimentaires des sociétés humaines traditionnelles, à travers une série de diagnostiques isotopiques ciblés sur certaines populations, certaines régions et certaines périodes. Cette approche isotopique vise à produire des descriptifs « objectifs » de l’alimentation des ethnies ou groupes sociaux étudiés, qui peuvent ensuite être mis en regard des représentations mentales que les hommes eux-mêmes se font ou se faisaient de leur alimentation et qui sont perçus par l’enquête ethnographique ou historique. Resitués dans leurs contextes écologique, social, culturel et historique, les décalages entre donnée « objective » (isotopique) et ethnographique constituent des matériaux anthropologiques de tout premier ordre pour l’étude de l’alimentation de l’homme moderne.
Missions :
Trois orientations majeures pourraient être envisagées :
– la connaissance de l’alimentation traditionnelle (XIXe s. en général) d’ethnies disparues ou en voie de disparition, pour lesquelles on ne dispose d’aucune donnée (Île de Pâques ; Papous de Nouvelle Guinée ; Aïnous du Japon ; Alakalufs de Terre de Feu ; aborigènes de Tasmanie ; Guanches des Iles Canaries) ;
– l’analyse de la diversité des régimes alimentaires dans des ethnies ou groupes géographiques plus vastes et mieux documentés dans les collections du Musée de l’Homme, afin de tester l’ampleur des différences entre microrégions, groupes sociaux, périodes (principalement XIXe et début du XXe s.) :
grandes séries d’Afrique noire, des Philippines, du Japon, ou du Pays Basque ;
– une approche diachronique de l’évolution de l’alimentation des Français ; un volet particulier de l’étude pourra être ciblé sur les Parisiens, dont beaucoup sont issus des cimetières de différentes époques, ce qui permet de couvrir un temps long, entre le Bas Moyen Âge et le XIXe siècle.
La dimension diachronique de l’étude pourrait être aussi développée par l’étude de fossiles d’hommes anatomiquement modernes, relevant des collections du MNHN et des aires géographiques qui y sont représentées.
Dans un premier temps, une tâche primordiale et préalable à toute intervention pour analyse isotopique, consistera, à partir des inventaires des collections et en interactions constante avec les chercheurs du MNHN œuvrant autour de ces collections, à établir un diagnostic de faisabilité (recensement des sujets, pièces squelettiques et tissus disponibles et se prêtant effectivement à l’analyse isotopique), pour aboutir à un plan d’intervention très précis depuis le choix du sujet jusqu’au protocole d’échantillonnage. Dans un second temps seulement, il s’agira de mettre en œuvre l’étude isotopique sur un ou deux projets choisis.
Compétences :
Le candidat doit être titulaire d’un doctorat dans un des champs disciplinaires, et doit posséder des compétences solides dans au moins deux des trois champs disciplinaires suivants: Anthropologie de l’alimentation, anthropologie biologique, biogéochimie isotopique. Le candidat doit avoir au maximum 10 ans d’expérience.
Lieu d’exercice :
Le poste est rattaché à l’UMR 7206 « Éco-anthropologie et ethnobiologie» (dir. Serge Bahuchet) du département « Hommes, natures, sociétés » du MNHN.
Adresse d’affectation : Collections d’anthropologie, 55 rue Buffon, Bâtiment des collections du MNHN.
Le candidat travaillera en étroite collaboration avec Alain Froment (UMR 208) et Elise Dufour (UMR 7209).
Contrat, calendrier et procédure :
Contrat à durée déterminée de 1 an, à partir de novembre ou décembre 2012 (à négocier). L’agent sera employé par le CNRS.
Salaire : de 2300 EUR à 2650 (brut mensuel) selon l’expérience (fournir les certificats de travail).
Constitution du dossier : CV, pièce d’identité, copie du dernier diplôme et lettre de motivation.
Date-limite de soumission : 07/09/2012.
Destinataires des dossiers : Marie Balasse